SILENCE D'HISTOIRE - SILENCIO DE HISTORIA

Si l’on vous parle d’une défaite de l’armée napoléonienne, vous pensez sans aucun doute à Waterloo, en 1815, très peu d’entre vous auront en tête Vertières, en 1803.

Ce fut cependant, bien qu’elle n’eût pas de grandes conséquences sur la carrière du futur empereur, la première défaite de son armée. Elle eut lieu bien loin d’Europe, à Saint-Domingue, de nos jours Haïti, et ce fut une armée de Noirs, pour la plupart d’anciens esclaves, qui vainquit les Français.

Le gouvernement révolutionnaire français avait aboli l’esclavage en 1794, ce qui mit fin à la révolte des esclaves de Saint-Domingue qui durait depuis 1791.  Toussaint Louverture, leur chef, fut nommé général et parvint à chasser les troupes anglaises qui avaient débarqué sur l’île appelées par les colons français.

Bonaparte, arrivé au pouvoir, très mécontent de la façon presque indépendante de gouverner l’île mise en place par Toussaint Louverture, et à l’écoute, en outre, des plaintes des colons, rétablit l’esclavage et envoya des troupes à Saint-Domingue.

23 000 hommes, sous les ordres du général Leclerc, y débarquèrent en 1802.

« La honte » dirait-on aujourd’hui. La Gloire pour celle qui devint quelques jours plus tard la première république noire du monde, et la première république indépendante d’Amérique latine.eclerc tend un piège à Toussaint Louverture et le fait prisonnier. Il mourra, en France, en avril 1803.

Entretemps, les troupes françaises, dont le général Leclerc, sont décimées par la fièvre jaune.

Des renforts, au nombre de 10 000 hommes, commandés par le général Rochambeau, débarquent à Saint-Domingue.

Le 12 avril 1803, les troupes rebelles, commandées par François Capois, dit Capois-la-Mort, reprennent Port de Paix, au nord-ouest de l’île.

Puis, le 18 mai se tient le congrès de l’Arcahaie qui réunit Jean-Jacques Dessalines, ancien lieutenant de Toussaint Louverture et les autres chefs de la révolution, dont Alexandre Pétion et Henri Christophe.

Les escarmouches se succèdent jusqu’au 18 novembre 1803 Le  général Dessalines ordonne alors d’attaquer le fort de Vertières où se trouvent retranchés le Français.

François Capois lance le premier assaut qui est repoussé, ainsi qu’un deuxième et un troisième.

Fort de nouveaux renforts, Capois attaque de nouveau le fort. Son cheval est touché. Il se relève et, son épée à la main, se met à la tête de ses hommes en criant « En avant ! En avant ! »

Dessalines envoie plus de renforts. Les combats redoublent de violence.  Les deux tiers des Français sont morts.

Le lendemain matin, Rochambeau se rend. Il fait parvenir un cheval à Capois avec ce message : « Le capitaine général Rochambeau offre ce cheval comme une marque d'admiration pour l' « Achille noir» pour remplacer celui que son armée française regrette d'avoir tué ».

Dix jours plus tard les Français  quittent Saint-Domingue.

Le 1^er janvier 11804, la première république noire du monde, proclame son indépendance, la république d’Haïti.

Napoléon écrira dans ses Mémoires : « L’affaire de Saint-Domingue  est la plus grosse erreur  que j’ai pu connaitre en administration. Elle a sonné le glas de la colonisation française. J’aurais du gouverner toute l’ile par le truchement de cet homme. » Il fait référence à Toussaint Louverture.

Or, la France n’en restera pas là. En 1828, Charles X réclame à la jeune République d’Haïti 150 millions de francs or, pour dédommager les anciens colons. Dix ans plus tard, cette dette sera allégée à 90 millions.

Haïti finira de payer cette première dette extérieure de l’histoire après la Deuxième Guerre mondiale.

Le 16 août 2010, le quotidien Libération publie une lettre ouverte au président Nicolas Sarkozy, signée par un groupe d’intellectuels dont Noam Chomsky, Étienne Balibar et Eva Joly, lui demandant de rembourser 17 milliards d’euros à son ancienne colonie, une estimation des sommes versées à la France jusqu’en 1947 par la république haïtienne.

"Considérant les besoins financiers criants de ce pays dévasté par le terrible séisme du 12 janvier, nous vous pressons donc, monsieur le président, de restituer à Haïti, la première république noire de l'histoire, la dette historique de son indépendance", écrivent les signataires.

Aucune réponse n’a été donnée à cette demande.

François Hollande fait preuve de la même surdité lorsque, durant sa visite officielle de 2015, il parle d’une « dette morale » quand on attendait qu’il face référence à une dette financière.

D’autre part, les manuels d´histoire français ne font aucune mention de la défaite napoléonienne de Vertières.

Si se habla de una derrota del ejército napoleónico, piensan ustedes seguramente en Waterloo, en 1815, muy pocos tendrán en mente Vertières, en 1803.

Fue, sin embargo, por más que no tuviera muchas consecuencias en la carrera del futuro emperador, la primera derrota de su ejército. Tuvo lugar muy lejos de Europa, en Santo Domingo, en nuestros días Haití, y fue un ejército de negros, en su mayoría antiguos esclavos, que venció a los franceses.

«  Vergüenza » dirían hoy. Gloria para la que fue pocos días después la primera república negra del mundo, y la primera república independiente de América Latina.

El gobierno revolucionario francés había abolido la esclavitud en 1794, lo que puso un término a la revuelta de los esclavos de Santo Domingo, que duraba desde 1791. Toussaint Louverture, su jefe, fue nombrado general y logró expulsar a las tropas inglesas que habían desembarcado en la isla llamados por los colonos franceses.

Bonaparte, llegado al poder, muy descontento por la manera casi independiente de gobernar la isla puesta en marcha por Toussaint Louverture, y atento, además, a las quejas de los colonos, restableció la esclavitud y envió tropas a Santo Domingo.

23 000 hombres, a las órdenes del general Leclerc, desembarcó en 1802.

Leclerc  tiende una trampa a  Toussaint Louverture y lo hace prisionero. Morirá en Francia en abril 1803.

Mientras tanto, las tropas francesas, incluso el general Leclerc, son diezmadas por la fiebre amarilla.

Refuerzos, 10.000 hombres, a las órdenes del general  Rochambeau, desembarcan en Santo Domingo.

El  12 de abril de 1803 las tropas rebeldes, a las órdenes de  François Capois, llamado Capois-la-Muerte, recuperan Port de Paix, al noroeste de la isla. u

Luego, el 18 de mayo sesiona el congreso del Arcahaie que reúne a Jean-Jacques Dessalines, ex lugarteniente de Toussaint Louverture y los otros jefes de la revolución, entre los cuales  Alexandre Pétion y Henri Christophe.

Las escaramuzas se suceden hasta el 18 de noviembre de 1803. el general Dessalines ordena entonces atacar el fuerte de Vertières en el que se encuentran atrincherados los franceses.

François Capois lanza el primer asalto que es rechazado, así como un segundo y un tercero.

Con nuevos refuerzos, Capois ataca de nuevo el fuerte. Su caballo es herido. Se levanta y, con la espada en mano, se pone a la cabeza de sus hombres gritando: “¡Adelante! ¡Adelante!”.

Dessalines manda más refuerzos. Los combates redoblan en violencia. Los dos tercios de los franceses han muerto.

A la mañana siguiente Rochambeau se rinde. Hace llegar un caballo a Capois con este mensaje : « El capitán general  Rochambeau regala este caballo como prueba de admiración hacia el ‘’Aquiles negro’’ para remplazar el que ejército francés lamenta haber matado ».

Diez días más tarde los franceses abandonan Santo Domingo. 

El 1º de enero de 1804 la primera república negra proclama su independencia, la república de Haití.

Napoleón escribirá en sus Memorias: « El asunto de Santo Domingo es el mayor error que pude conocer en la administración. Terminó con la colonización francesa. Podría haber gobernado toda la isla por intermedio de ese hombre.» Se refiere a Toussaint Louverture.

Francia, empero, no se quedará en este punto. En 1828, Carlos X reclama a la joven República de Haití 150 millones de francos oro para resarcir  a los antiguos colonos. Diez años más tarde esta deuda será aligerada a 90 millones.

Haití terminará de pagar esta primera deuda externa de la historia después de la Segunda Guerra Mundial.

El 16 de agosto de 2010, el diario Libération publica una carta abierta al presidente  Nicolas Sarkozy, firmada por un grupo de intelectuales entre los cuales  Noam Chomsky, Étienne Balibar y Eva Joly, pidiéndole devolver 17 mil millones de euros a su ex colonia, una estimación de las sumas pagadas a Francia hasta 1947 por la república haitiana.

"Considerando las necesidades financieras evidentes de este país devastado por el terrible sismo del 12 de enero, les pedimos encarecidamente, señor presidente, restituir a Haití, primera república negra de la historia, la deuda histórica de su independencia ", escriben los firmantes.

Ninguna respuesta fue dada a este pedido.

François Hollande muestra la misma sordera cuando, durante su visita oficial de 2015, habla de « deuda moral » cuando se esperaba que se refiriera a una deuda financiera.

Los manuales de historia franceses no mencionan, por otra parte, la derrota napoleónica de Vertières.