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La chanson de la cigale
23 mai 2021

La Commune au présent - La Comuna en presente

La Commune au présent - Une correspondance au-delà du temps

Ludivine Bantigny

La Découverte, 2021

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1871-2021, 150 ans de la Commune de Paris. Le président Macron a décidé de ne pas commémorer cette date incontournable de l’histoire de France. Rien d’étonnant, dès le début de leur lutte, les Gilets Jaunes se sont réclamés de cette révolution, et, en outre, divers mouvements opposés à l’ultralibéralisme de par le monde, s’en inspirent.

Hors des sentiers gouvernementaux, cependant, les hommages ne manquent pas, dont le magnifique La Commune au présent, de l’historienne Ludivine Bantigny.

« Dignité, justice sociale, partage du travail, égalité, rapport renouvelé à l’art, à l’éducation, à la culture et au quotidien… C’est tout cela, la Commune de Paris, une expérience révolutionnaire à bien des égards inouïe : pour la première fois, des ouvriers, des ouvrières, des artisans, des employés, des instituteurs et institutrices, des écrivains et des artistes s’emparent du pouvoir. Comme l’écrit Rimbaud qu’elle enthousiasme tant, la Commune entend vraiment « changer la vie » par des « inventions d’inconnu ». Ses protagonistes sont des femmes et des hommes ordinaires qui créent de l’extraordinaire, non seulement en l’imaginant mais en le mettant en pratique », nous indique la présentation.

Un livre d’historienne, certes, mais conçu sous une forme inhabituelle, celle de lettres adressées à ceux et celles qui prirent part à la Commune, Louise Michel, Gustave Courbet, Jules Vallès, parmi les plus connus ; Victorine Brochet, Pélagie Daubain,  Auguste Vermorel, Amélie Desfontaines, parmi celles et ceux dont les noms résonnent bien moins fort dans nos mémoires. Victor Hugo lui-même a droit à son courrier. Il s’agit du seul homme de lettres, renommé ayant soutenu les Communeux et les Communeuses dont Louise Michel avec qui il a longtemps correspondu.

Dans plus d’une cinquantaine de lettres, Ludivine Bantigny nous fait découvrir l’héroïsme de ces hommes et de ces femmes ordinaires qui ont pris le destin en main et ont voulu l’infléchir pour le rendre égalitaire et juste.

 

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« Tu n’as pas peur de le dire ni même, sans doute, de le crier : « Je suis communeuse, moi. » C’est d’ailleurs pour ces simples mots-là que tu as été arrêtée. Un rapport de police mentionne ce qu’il nomme tes « opinions exaltées [1] ». Une fois la Commune écrasée, tu es signalée et dénoncée pour l’avoir suivie jusqu’au bout, « avec acharnement ». On répète que tu as dit aussi : « S’il le faut je donnerai tout mon sang pour la Commune. » Tu es lingère et tu as quarante-sept ans. Tu te revendiques communeuse. »

L’autrice a aussi le talent, en expliquant  aux gens de 1871 d’où elle leur écrit, de mettre en parallèle leur époque et la notre, de plus en plus inégalitaire, où, comme l’écrivait Victor Hugo, la police est partout et la justice, nulle part, et pas seulement au sein de dictatures avérées.

« À l’heure où je t’écris Nathalie, ce monde-là n’est pas advenu mais une chose est sûre : on a fait quelques pas vers cet après. Comme vous : quelques pas au présent pour un avenir différent. Les solidarités se sont faites foisonnantes, dans les immeubles, les communes, les quartiers. Je t’en donne quelques exemples.

Grâce à des réseaux d’entraide, des sans-logis et des migrants ont trouvé un logement dans des appartements laissés vacants, avec l’accord de leurs locataires ou de leurs propriétaires. Des couturières et couturiers ont très vite fabriqué des masques pour les distribuer gratuitement dans les quartiers. Des brigades de solidarité populaire se sont créées dès le début du confinement, afin de distribuer des colis alimentaires et autres produits de première nécessité pour les personnes les plus précaires. Bref, une entraide concrète et active comme tu l’aimais à La Marmite. »

Un très bel ouvrage sur cette expérience révolutionnaire majeure du XIXᵉ siècle que d’aucuns, y compris des historiens, veulent, encore aujourd’hui,  enterrer dans l’oubli.

 

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1871-2021, 150 años de la Comuna de París. El presidente Macron decidió no conmemorar esta fecha incuestionable de la historia de Francia. Nada asombroso, desde los comienzos de su lucha, los Chalecos Amarillos invocaron a esta revolución, y, además, diversos movimientos opuestos al ultraliberalismo se inspiran en ella.

Fuera del ámbito gubernamental, sin embargo, no faltan los homenajes, entre ellos el magnífico La Commune au présent (La Comuna en presente), de la historiadora Ludivine Bantigny.

« Dignidad, justicia social, reparto del trabajo, igualdad, relación renovada con el arte, la educación, la cultura y la vida cotidiana… Por ello, la Comuna de París, una experiencia revolucionaria inaudita bajo muchos aspectos: por vez primera, obreros, obreras, artesanos, empleados, maestros y maestras, escritores y artistas se apoderan del poder.. Como lo escribe Rimbaud,  a quien entusiasma tanto,  la Comuna entiende realmente “cambiar la vida” con “invenciones de lo desconocido”. Sus protagonistas son mujeres y hombres ordinarios que crean algo extraordinario, no sólo imaginando sino poniendo en práctica», nos indica la presentación.

Un libro de historiadora, ciertamente, pero concebido bajo una forma inhabitual, la de cartas dirigidas a aquellos y aquellas que formaron parte de la Comuna, Louise Michel, Gustave Courbet, Jules Vallès, entre los más conocidos ; Victorine Brochet, Pélagie Daubain,  Auguste Vermorel, Amélie Desfontaines, entre aquellas y aquellos cuyos nombres resuenan en menor medida en nuestras memorias. El mismo Victor Hugo tiene derecho a su correspondencia. Se trata del ùnico hombre de letras renombrado en haber apoyado a los partidarios de la Comuna, entre los cuales a Louise Michel con quien correspondió largo tiempo.

En más de cincuenta cartas, Ludivine Bantigny nos hace descubrir el heroismo de estos hombres y mujeres ordinarios que tomaron el destino en mano y quisieron cambiarlo para volverlo igualitario y justo.

 « No tenés miedo de decirll ni aún, sin dudas, de gritarlo : Tu n’as pas peur de le dire ni même, sans doute, de le crier :”Yo soy comunera.” Fue, por otra parte, por esas simples palabras, que te detuvieron. Un informe de policía menciona lo que denomina tus “opiniones exaltadas”. Una vez aplastada la Comuna, te señalan y denuncian por haberla seguido hasta el fin “encarnizadamente”. Repiten que también dijiste: “Si hiciera falta, daría toda mi sangre por la Comuna”. Sos lencera y tenés cuarenta y siete años. Te reivindicás comunera. »

La autora tiene también el talento, al explicar a la gente de 1871 desde donde les escribe, de poner en paralelo su época y la nuestra, cada vez más desigual, en la que, como escribía Victor Hugo, la policía está en todos lados, la justicia, en ninguno, y no sólo en el seno de dictaduras confirmadas.

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« En el momento en que te escribo, Nathalie, ese mundo no advino pero algo es seguro : hacemos algunos pasos hacia ese después. Como ustedes: algunos pasos en el presente hacia un porvenir diferente. Las soliradidades han crecido, en los edificios, las comunas, los barrios. Te doy algunos ejemplos.

Gracias a las redes de ayuda mutua, gente en situación de calle y migrantes encontraron una vivienda en departamentos dejados vacíos, con el acuerdo de sus inquilino o propietarios. Costureras y costureros fabricaron rápidamente barbijos para distribuirlos gratuitamente en los barriod. Brigadas de solidaridad popular fueron creadas a comienzos de la cuarentena, para distribuir paquetes de alimentos y otros productos de primera necesidad a las personas más precarias. En resumen, una ayuda concreta y activa como te gustaba en à La Marmite. »

Un muy bello libro sobre esta experiencia revolucionaria mayor del siglo XIX que algunos, incluso historiadores, quieren, aún hoy, enterrar en el olvido.

 

 

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