POEMAS CONFINADOS – 1 – POÈMES CONFINÉS
FATIGA TANTO ANDAR SOBRE LA ARENA – MIGUEL HERNÁNDEZ
Confinado para protegerme del virus, estoy, en cierto modo, en mi isla desierta.
Exceptuando los proveedores y algunos parientes y amigos, de lejos y enmascarados, sólo tengo contactos virtuales con mis semejantes.
Cuento, afortunadamente, con otros amigos para llenar estas horas de soledad, los músicos, por supuesto, y los poetas.
Me acompañan desde la adolescencia y son para mí un alimento cotidiano y esencial.
Como poema inaugural, tanto en mi vida como en este ciclo, sólo puedo pensar en uno de Miguel Hernández cuyos dos primeros versos trotan en mi cabeza desde hace exactamente 60 años, Fatiga tanto andar sobre la arena…
Pues descubrí la poesía en primer año del Colegio Nacional de la mano de mi profesora de castellano, María Hortensia Lacau, quien sembró en mi, y para siempre, este amor por la lengua en su expresión más luminosa.
Miguel Hernández, poeta abatido en pleno vuelo por la dictadura franquista, poeta pastor, poeta labriego
“Me llamo barro aunque Miguel me llame.
Barro es mi profesión y mi destino
que mancha con su lengua cuanto lame.”
Fatiga tanto andar sobre la arena
Fatiga tanto andar sobre la arena
descorazonadora de un desierto,
tanto vivir en la ciudad de un puerto
si el corazón de barcos no se llena.
Angustia tanto el son de la sirena
oído siempre en un anclado huerto,
tanto la campanada por el muerto
que en el otoño y en la sangre suena,
que un dulce tiburón, que una manada
de inofensivos cuernos recentales,
habitándome días, meses y años,
ilustran mi garganta y mi mirada
de sollozos de todos los metales
y de fieras de todos los tamaños.
Este poema fue publicado en Madrid, en 1936, en el libro El rayo que no cesa.
Confiné pour me protéger du virus, je suis, en un certain sens, sur mon île déserte.
Exception faite des fournisseurs et de quelques parents et amis, de loin et masqués, je n’ai que des contacts virtuels avec mes semblables.
Je compte, heureusement, sur d’autres amis pour meubler ces heures de solitude, les musiciens, bien sûr, et les poètes.
Ils m’accompagnent depuis l’adolescence et son pour moi un aliment quotidien et essentiel.
Je ne peux que penser, comme poème inaugural, aussi bien dans ma vie que de ce cycle, à celui de Miguel Hernández dont les deux premiers vers trottent dans ma tète depuis exactement 60 ans, Cela fatigue tellement de marcher sur le sable…
Car je découvris la poésie en première année de l’école secondaire de la main de ma professeure d’espagnol, María Hortensia Lacau, qui sema en moi, et pour toujours, cet amour pour la langue dans son expression la plus lumineuse.
Miguel Hernández, poète abattu en plein vol par la dictature franquiste, poète berger, poète laboureur.
“Je m’appelle boue bien que Miguel me nomme,
Boue est ma profession et mon destin
qui salit avec sa langue ce qu’elle lèche.”
Cela fatigue tellement de marcher sur le sable
Cela fatigue tellement de marcher sur le sable
décourageant d’un désert,
autant vivre dans la ville d’un port
si le cœur ne s’emplit pas de navires.
Le son de la sirène angoisse tellement
entendu toujours dans un potager ancré,
autant que le glas pour le mort
qui sonne en automne et dans le sang,
qu’un doux requin, qu’une meute
de jeunes corbeaux inoffensifs,
m’habitant des jours, des mois et des années,
illustrent ma gorge et mon regard
de sanglots de tous les métaux
et de fauves de toutes les statures.
Ce poème fut publié à Madrid, en 1936, dans le recueil El rayo que no cesa, traduit en français sous le titre Cet éclair qui ne cesse pas.